L’ARCHITECTURE FUTURISTE PAR SANT’ELIA

Post publié sur mon ancien blog en 2014

J’ai découvert dans « Le gout de l’architecture » édité par Mercure de France l’écrit d’un architecte qui me semble encore d’une grande actualité.

Autour de 5 points critiques, Antonio SANT’ELIA expose d’abord ce qu’il exècre le plus dans l’architecture mise en œuvre par ses contemporains. Des critiques qu’il confronte à 8 points qui sont autant de réponses de ce que doit être l’architecture et plus particulièrement l’architecture Futuriste.

Un architecte à connaitre ou à relire (revoir) impérativement !

Extrait :

Le problème de l’architecture futuriste n’est pas un problème de remaniement littéraire. Il ne s’agit pas de trouver de nouveaux profils, de nouveaux encadrements de fenêtres et de portes, de substituer les colonnes, les piliers, les consoles, par des cariatides, des grosses mouches, des grenouilles ; il ne s’agit pas de laisser la façade en briques apparentes, ou de l’enduire, ou de la recouvrir de pierres, ni de déterminer des différences de formes entre l’édifice nouveau et ancien ; mais il s’agit de forger de toutes pièces la maison futuriste, de la bâtir avec toutes les ressources de la science et de la technique, en satisfaisant du mieux possible les exigences propres à nos coutumes et à notre esprit, en foulant aux pieds tout ce qui est grotesque et antithétique par rapport à nous (tradition, style, esthétique, proportion), en déterminant des formes nouvelles, des lignes nouvelles, une nouvelle harmonie des profils et des volumes, une architecture qui ait son unique raison d’être dans les conditions spéciales de la vie moderne, et sa correspondance dans une valeur esthétique propre à notre sensibilité. […]

JE COMBATS ET JE MÉPRISE :

1.— Toute la pseudo-architecture d’avant-garde, autrichienne, hongroise, allemande et américaine.

2.— Toute l’architecture classique, solennelle, hiérarchique, décorative, monumentale, élégante, aimable.

3.— L’embaumement, la reconstruction, la copie des monuments et palais antiques.

4.— Les lignes perpendiculaires et horizontales ; les formes cubiques et pyramidales qui sont statiques, graves, opprimantes et absolument hors de notre très nouvelle sensibilité.

ET JE PROCLAME :

1.— Que l’architecture futuriste est l’architecture du calcul, de l’audace téméraire et de la simplicité ; l’architecture de béton armé, du fer, du verre, du carton, de la fibre textile  et de tout ce qui peut être substitué au bois, à la pierre, à la brique pour obtenir le maximum d’élasticité et de légèreté.

2. – Que l’architecture futuriste n’est pas pour cette raison une combinaison de pratique et d’utilité, mais reste un art, c’est-à-dire synthèse et expression.

3.— Que les lignes obliques ainsi que les lignes elliptiques sont dynamiques, par leur propre nature elles ont un pouvoir émotif mille fois supérieur à celui des perpendiculaires et des horizontales et qu’il ne peut y avoir une architecture dynamique intégratrice en dehors d’elles.

4.— Que la décoration, en tant que surajoutée à l’architecture, est une absurdité, et que seulement de l’usage que l’on en fait et de la disposition originale du matériau  brut, nu ou violemment coloré dépend la valeur décorative de l’architecture futuriste.

5.— Que, comme les anciens prirent leur inspiration artistique dans les éléments naturels, nous — matériellement et spirituellement artificiels — devons trouver l’inspiration artistique dans les éléments du Nouveau Monde mécanique crée par nous, dont l’architecture doit être la plus simplette expression, la synthèse la plus belle, l’intégration la plus efficace.

ANTONIO SANT’ELIA (1888-1916) Architecte italien membre du mouvement futuriste.

Giovanni Lista. Manifestes, Documents, proclamations. Édition L’Âge d’Homme, 1973

A propos Calosci Loup

Géographe et Architecte de Formation et actuellement doctorant en Architecture à l'ENSAPLV & Paris Sorbonne 1.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *