ART DÉCO OU LE FANTASME ARCHITECTURAL INACHEVÉ

Ce post est le produit d’une réflexion qui fait suite au précédent article sur l’exposition « 1925 quand l’Art Déco séduit le monde » à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

L’Art Déco est un style (j’utilise le mot style, mais je pourrais aussi utiliser le terme de « mouvement ») qui n’a pas l’effet de rupture des modernistes qui interviendront des années plus tard. Mais c’est un mouvement architectural dont c’est inspiré les modernistes par la suite (bien que ces derniers s’en soient toujours défendus).  L’Art déco a souffert de son aspect pudding stylistique du passé architectural depuis le gothique à l’art nouveau.  Malgré cela, elle est venue en rupture suffisante pour être connue reconnue et largement diffuser et encore très apprécier aujourd’hui.

C’est un style architectural qui a beaucoup souffert de l’histoire par la réutilisation des différents régimes totalitaires de la première partie du 20e siècle (Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne, Staline en URSS, etc.). C’est une autre forme de l’Art déco qui confère au brutalisme architectural le plus total. C’est le passage de l’Art nouveau qui a beaucoup inspiré l’Art déco par ces aspects et ses formes organiques emprunté à la nature et aux sciences du vivant qui tend de manière de plus en plus franche vers une forme géométrique. L’Art déco semble être la continuité temporelle logique de l’expression de la science et de son évolution et surtout des contextes socio-économiques et scientifiques dans lequel il s’insère. L’Art déco est déjà une architecture internationale par son extraordinaire diffusion mondiale dans ses premières années d’expression. Pour s’en convaincre, il suffit de traverser la planète par les États-Unis en passant par Buenos Aires jusqu’aux Philippines pour comprendre l’importance qu’a prise cette architecture sur la production architecturale de la première moitié du 20e siècle.

Ce qu’il y a d’extraordinaire dans la traduction architecturale de l’Art déco est cette capacité à rester cohérente et novatrice tout en gardant le plus souvent des éléments architecturaux spatio-temporels. Une épure des différents styles historiques de l’architecture et du design, mais aussi régionalistes pour l’anecdotique. Ce style architectural a connu une exceptionnelle longévité par sa capacité à intégrer différents types d’outils constructifs impliquant le béton, le verre et l’acier et des niveaux d’ornementations, du plus baroque à l’esthétisme le plus pur. Une palette de possibilité étonnante et infinie qui a permis d’offrir à l’architecte, au promoteur de construire à des degrés économiques très larges, de la villa et immeuble de luxe au logement social le plus simple.

Une question me revient depuis que j’ai commencé mes études en architecture.  Quel est le point de flexion dans l’histoire de l’architecture, qui permet le passage d’un style architectural et d’un principe constructif à un autre ? Comment celui-ci devient-il un style qui se répand sur l’ensemble de la production architecturale de la planète ? Comment ce fait-il que l’on puisse avoir aujourd’hui, une décomposition presque décennale d’un style architecturale ? Comment passe-t-on alors d’un mouvement global d’un style particulier à celui d’un autre qui deviendra lui aussi spatialement globalisé ? Comme l’Art déco qui n’a eu d’existence officielle par sa définition architecturale des décennies plus tard, le style actuel de l’architecture bien que perceptible dans ses grandes lignes ne sera réellement compréhensible que dans les prochaines années.

C’est notre histoire architecturale qui impose de prendre un recul nécessaire et ainsi nous permettre de pouvoir le penser et le définir. Ainsi, quelle serait la terminologie pour la production architecturale actuelle ? Une forme globale de cubisme « vert » qui semble tendre progressivement vers une forme de déconstructivisme architectural ?

A propos Calosci Loup

Géographe et Architecte de Formation et actuellement doctorant en Architecture à l'ENSAPLV & Paris Sorbonne 1.

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