Dans l’imaginaire de tout un chacun, l’image de Singapour est celle d’une ville à l’Occidentale. Mais Singapour n’a pourtant rien de particulièrement ressemblant avec une ville occidentale, des villes, des cités que l’on a toujours idée de comparer pour rechercher non plus les différences, mais les similitudes. Une manière de se rassurer ou bien de retrouver un semblant de chez soi au travers d’icônes urbaines ou par des pratiques de l’espace. Peut être une manière nostalgique, voir prosaïque de percevoir l’espace urbain au-delà de nos frontières dont nous sommes issus, pour le plaisir de ressentir le particularisme indépassable de notre propre culture urbaine mainte fois copier. Ce n’est pas uniquement un fantasme feint que de pouvoir penser que chaque métropole d’importance internationale recherche à dépasser ses propres codes de développement économique et urbain en reprenant certaines qui ont fait leurs preuves ailleurs.
D’ailleurs, La Celca ne s’y trompe pas en déclarant dans son ouvrage Contre l’architecture (2011) :
« Les villes rêvent d’autres villes… Il arrive ainsi que des villes se perçoivent uniquement comme l’ombre projetée d’autres lieux, ou qu’elles projettent elles-mêmes leur ombre. » 39-40p.
Pourtant, il existe bien une ville qui ne ressemble à aucune autre et Singapour fait partie de celles-ci. Cette approche de la ville par ce qu’elle a de similaire dans sa fabrication urbaine est favorisée par l’émergence de nouvelles économies qui ne tiennent plus à jouer la « troisième voie » (issus des non-alignés). Mais d’intégrer la seule voie encore valable au travers du processus de Mondialisation (Globalisation) à l’attraction irrésistible, voire virale. Kuala Lumpur, sa voisine peut offrir une vision de l’espace urbain particulièrement distinct et sensible. Mais pour Singapour cette vision est plus subtile et joue sur le ressentit, l’appropriation de l’espace par ses habitants et l’incroyable politique urbaine mise en œuvre par la Cité État depuis plusieurs décennies.